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Jour 19 : Journal de bord d'une DRH en confinement

· DRH en confinement

Ce matin, en prenant mon café, j’ai pleuré. J’ai pleuré en regardant une vidéo. Un très joli témoignage d’un jeune homme atteint d’autisme. Un témoignage de sa famille. J’en ai parlé ce matin dans un post. En tant que mère, je me suis sentie proche de Nathalie qui a dû se battre pour conserver son fils dans un circuit scolaire classique alors qu’on lui recommandait de le mettre dans un institut spécialisé. Elle a dû vivre l’internement pendant un mois de son fils avec un traitement médicamenteux lourd. Je me demandais comment j’aurais réagi si on m’avait retiré mon fils Antoine.

Si j’ai été aussi touchée, c’est aussi parce que je me suis retrouvée dans ce témoignage, dans une moindre mesure évidemment mais mon fils Antoine est aussi un garçon un peu différent. Vif et intelligent, il peut présenter une forme d’hyperactivité qui l’empêche de rester tranquille en classe. Il bouge tout le temps, il parle souvent (trop). Quand il termine son travail avant les autres, il s’agite. Il peut intervenir de manière intempestive aux propos des professeurs. Depuis la classe de CP, nous devons nous justifier auprès des professeurs qui continuent année après année à mettre les sempiternelles appréciations dans les bulletins « La concentration doit être renforcée », « Veiller à rester plus concentré en cours », « Attention à bien rester concentrer à tous les cours », « des efforts remarqués de concentration et de travail qu'il faut encore accentuer pour consolider le niveau », « Il est bien trop déconcentré et gêne son entourage », « des efforts de travail et de concentration. Il faut maintenir les efforts au troisième trimestre ». Ces commentaires sont ceux de son bulletin reçu la semaine dernière. Ce n’est pas qu’il ne veut pas se concentrer, c’est qu’il ne peut pas rester concentré longtemps. Le nombre de fois où j’ai été convoquée depuis qu’il va à l’école, le nombre de mots signés. Tellement que j’ai fini par les signer sans les lire. Tout ce qui ne rentre pas dans la norme et qui demande de comprendre et de s’adapter est une difficulté supplémentaire. Antoine est un cailloux dans la chaussure. Et comme il est intelligent, les profs ont des attentes supérieures et sont plus sévères avec lui car ils estiment qu’il gâche son potentiel. Il ne le fait pourtant pas exprès.

 

Vivre la différence, je sais un petit peu ce que c’est. Le nombre de fois où on m’a regardée de travers dans les magasins quand Antoine était petit. Parce qu’il touchait à tout pour comprendre le fonctionnement ou parce qu’il s’allongeait par terre parce qu’il s’ennuyait. On me regardait comme si mon fils était mal élevé. On me jugeait. Je me rassurais, j’avais élevé ma fille avant et je savais au fond de moi que cela n’avait rien à voir avec l’éducation. Mais ça me faisait mal, ces regards. Donc en écoutant le témoignage de Thibaut et de sa famille ce matin, je me suis un peu projetée. Le sentiment d’impuissance aussi face à une situation dont personne n’est responsable mais qui impacte toute la famille. Mon fils a 15 ans maintenant, certaines choses évoluent mais d’autres risquent de durer. Il faudra qu’il vive avec et moi aussi. Cela crée des inquiétudes pour ses études, pour son futur métier, pour sa vie… Mais je l’aime plus que tout parce qu’il est tendre, drôle, avec un grand cœur et qu’il est mon fils. ❤Carpe Diem.

Je vous souhaite d’être comme moi en ce moment, confinés avec les gens que vous aimez. Je vous dis à demain et d’ici-là prenez soin de vous 😷 ❤